On compte plus de 100 stations thermales en France en 1999. Plus de 550.000 personnes vont chaque année en cure. Mais pourquoi ? Quelles sont les indications médicales des cures ? Est-ce efficace ? Voilà quelques éléments de réponse.
La Sécurité Sociale a distingué 12 grandes orientations thérapeutiques :
La souffrance articulaire
est le premier motif de fréquentation d’une cure thermale : arthrose, rhumatismes inflammatoires chroniques (en dehors des périodes de poussées), séquelles de traumatismes, et aussi tendinites rebelles, mal de dos chronique,… Cures interdites dans les phases aiguës et dans les maladies osseuses. Sont proposés des bains, douches, étuves, applications de boues, bains de vapeur, avec en outre des séances de massages sous l’eau, ou séances de mobilisation en piscine. L’eau chaude calme la douleur et permet de retrouver une certaine souplesse articulaire.
Les affections des voies respiratoires
concernent aussi bien l’adulte que l’enfant : infections ou allergies chroniques et récidivantes. Cures interdites pendant les phases aiguës, en cas de tuberculose, d’insuffisance cardiaque ou respiratoire, ou de mucoviscidose. Outre les bains et douches classiques, des soins particuliers sont proposés : inhalations, lavages de gorge, douches pharyngiennes, lavages de nez, lavages des sinus, insufflations tubaires, séances de vaporarium, et parfois kinésithérapie respiratoire.
Les soins concernent une vaste gamme de problèmes dermatologiques : eczéma, psoriasis, et aussi cicatrices hypertrophiques, séquelles de brûlures, ichtyose, rosacée du visage. Cures interdites en cas d’infection, de cancer. Les eaux thermales sont utilisées sous forme de bains, pulvérisations faciales ou générales, massages sous l’eau. La douche filiforme calme douleurs et démangeaisons, et accélère la cicatrisation. De nombreuses stations proposent aussi une approche psychologique.
Les affections digestives concernées
peuvent être : colopathies fonctionnelles, troubles de la digestion, maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, diverticulose, troubles fonctionnels hépatiques, ainsi que certains problèmes de surpoids et d’obésité. Cures interdites en cas d’ulcère en évolution, de cancer, de cirrhose, de maladies en phase aiguë. La cure de boisson est la base du traitement, associée à des techniques variables : bains, douches, boues, massages, parfois douche intestinale, goutte à goutte rectal. En cas de surpoids, évidemment, s’ajoute une prise en charge diététique, voire psychologique.
Les douleurs pelviennes féminines
Les douleurs pelviennes féminines (les douleurs post-opératoires, lors des règles, lors des rapports sexuels), et les troubles fonctionnels de la ménopause et dans les suites de salpingite peuvent bénéficier des actions calmante et anti-inflammatoire des eaux thermales : irrigations vaginales avec de l’eau chaude, pulvérisations d’eau minérale sur le col utérin, compresses de boue, compresses abdominales, douches. Cures interdites en cas de cancer, de tuberculose, d’infection en phase aiguë, de mycose.
Insuffisance veineuse
Tous les stades de l’insuffisance veineuse peuvent bénéficier des soins thermaux, et notamment la prévention de phlébite et la maladie variqueuse, ou encore la sensation de jambes lourdes, les crampes, les gonflements (lymphoedème). Cures interdites si ulcère veineux, poussée de lymphangite, eczéma suintant, insuffisance cardiaque, cancer. Soins proposés : bains, douches, massages sous l’eau, parfois bains de siège, bains de boue, drainage manuel des stases veineuses dans le bain. Des conseils d’hygiène sont aussi mis en pratique : éviter les sources de chaleur, la station debout prolongée, les excitants (café, thé).
La cavité buccale
Elle fait l’objet de soins en matière de tissus de soutien de la dent (parodonte) pour prévenir les déchaussements. Ainsi en cas de gingivite ou parodontite. La cure est aussi proposée en cas d’aphtose, de mycose buccale, d’inflammation de la langue. Cures interdites en cas d’herpès ou autre affection contagieuse. Les soins sont basés sur la cure de boisson et des soins locaux : pulvérisations de la cavité buccale, douches gingivales. Des conseils en matière d’hygiène bucco-dentaire sont aussi donnés.
Les affections urinaires
Plusieurs affections urinaires bénéficient du thermalisme : calculs rénaux, infections urinaires à répétition. Cures interdites en cas de lithiase obstructive, hypertrophie de la prostate, insuffisance rénale. Les soins reposent sur la cure de boisson (deux à trois litres par jour) pour assurer une bonne diurèse, et en complément bains et douches, ou soins locaux (irrigations vaginales).
Les troubles psychosomatiques
comme l’anxiété, la spasmophilie, les troubles du sommeil, les troubles fonctionnels sans cause organique retrouvée, les phobies ou obsessions, en dehors des phases aiguës interdisant la vie en collectivité, peuvent se voir proposer une hydrothérapie : bains bouillonnants, massages, douches sous l’eau, et des séances de relaxation.
Certaines maladies cardio-vasculaires
Parmi les maladies cardio-vasculaires bénéficiant des cures, on compte l’artérite des membres inférieurs avant le stade des douleurs permanentes (outre l’arrêt du tabac, la pratique de la marche, la prise de médicaments adaptés), l’hypertension, l’angine de poitrine, le syndrome de Raynaud. Sont proposés les bains, les douches locales ou générales, le couloir de marche à contre-courant, parfois des bains carbogazeux, l’injection de gaz thermal le long des trajets artériels, des douches locales à l’eau chaude. Cures interdites si gangrène artérite infectieuse, maladie de Buerger, en cas de crises d’angine de poitrine, d’accident vasculaire de moins de six mois, d’intervention chirurgicale artérielle de moins de six mois, de tabagisme important.
L’énurésie
demande un traitement de trois semaines à trois mois, à base de cure de boisson (biquotidienne), complétée par bains, douches et éducation sanitaire, et de rééducation mictionnelle. D’autres problèmes de développement peuvent être concernés : séquelles de fractures, infections ORL à répétition, maladies osseuses de la croissance, anorexie, instabilité psychomotrice. Cures interdites en cas de maladie aiguë, de déficit immunitaire, de mucoviscidose, de troubles métaboliques ou rénaux.
Les affections neurologiques
sont surtout concernées en cas de douleurs : douleurs des névrites et polynévrites, douleurs des amputés, séquelles de zona. Cures interdites en cas de polynévrite diabétique, d’incontinence urinaire, de pathologies cutanées, de maladie en phase aiguë. Les soins comprennent des bains, des douches sous-marines, des applications de boues, des pulvérisations. Une rééducation fonctionnelle en piscine est parfois proposée, la mobilisation sous l’eau diminuant la raideur et la rétraction des tendons.