Prévention dentaire chez l’enfant : le plus tôt est le mieux

En matière de santé dentaire comme dans les autres domaines de la santé, mieux vaut prévenir que guérir. C’est la prévention qui a d’ailleurs permis de faire reculer la carie dans les jeunes générations. Elle doit commencer dès le plus jeune âge car les bonnes habitudes se prennent tôt. Ceci afin de permettre à l’enfant de garder des « quenottes » intactes toute sa vie.

Même si les dents de lait seront un jour remplacées, ce n’est pas une raison pour les négliger. En effet, elles préparent la place pour les dents définitives et leur perte avant l’heure compromet le bon développement de toute la bouche. C’est pourquoi des mesures d’hygiène et de prévention doivent être prises dès le plus jeune âge.

Par exemple, il ne faut pas laisser le bébé dans son lit avec un biberon d’eau sucrée, de jus de fruit (ou même de lait) à disposition mais lui donner uniquement de l’eau pure. En effet, un temps de contact prolongé entre un sucre (tel que le lactose du lait) et les dents de l’enfant l’expose au risque de caries. Dans les cas les plus graves, c’est le « syndrome du biberon », avec de multiples caries sur les dents de devant.

Dès 1 an, la tasse doit être préférée au biberon et avec l’arrivée des dents, on va passer progressivement à une alimentation variée et consistante.

Quand l’enfant va à l’école, gare au grignotage ! Les horaires de repas doivent être les plus réguliers possible, sans dépasser quatre prises alimentaires par jour (trois repas et une collation). Car non seulement les enfants qui mangent sans arrêt sont guettés par le surpoids, mais leurs dents aussi risquent d’en pâtir. Chaque fois, les bactéries de la plaque dentaire, qui se nourrissent des sucres et excrètent des acides, attaquent l’émail, avec à la clé un risque de caries.

Faire la chasse aux bactéries

Par ailleurs, des comportements maternels a priori innocents peuvent se révéler néfastes. Certaines des bactéries responsables des caries, les streptocoques mutans, sont en effet transmises de la mère à l’enfant via la salive. Le risque de contamination est maximal entre le 19e et le 33e mois de l’enfant. Pour éviter la transmission de ces bactéries, il est conseillé de s’abstenir de porter à la bouche tout objet qui va ensuite aller dans celle de bébé (la tétine, la cuillerée de bouillie…).
Le brossage est recommandé avec l’arrivée des premières molaires de lait (entre 12 et 18 mois).
Dès 3 ans, il se fait deux fois par jour. Placés derrière lui, les parents aident l’enfant à acquérir les bons gestes, en lui apprenant à brosser toutes les dents verticalement en partant de la gencive avec un dentifrice au dosage en fluor adapté à son âge, sans en mettre plus que la valeur d’un petit pois et en recrachant.
La prescription de fluor en comprimés ou en gouttes n’est plus systématique. Les dentistes privilégient aujourd’hui la voie topique, plus efficace, c’est-à-dire l’apport de fluor au contact de l’émail des dents, par un dentifrice fluoré le plus souvent. Le fluor ralentit en effet la déminéralisation de l’émail et favorise sa reminéralisation. Pour les enfants sans risque particulier de caries, c’est suffisant. Pour les enfants plus vulnérables (30 % des enfants sont porteurs de 70 % des caries), la prescription se fait après un bilan de tous les apports d’autres sources de fluor (sel fluoré, eau du robinet ou en bouteilles…)

Le suivi âge par âge

Dès le plus jeune âge, une visite chez le chirurgien-dentiste au moins une fois par an est conseillée. À défaut, certaines périodes charnières sont particulièrement importantes. Le point sur ce suivi indispensable.

1 an : Première visite souhaitable, de son propre chef ou sur les conseils du pédiatre, pour une familiarisation du tout-petit avec le cabinet dentaire et un examen des premières quenottes (incisives), notamment en vue du dépistage du redoutable syndrome du biberon (cf. plus haut).

3 ans : Les vingt dents de lait sont en principe en place. Le praticien les examine, prescrit éventuellement du fluor, donne des conseils en matière d’alimentation et d’habitudes néfastes comme la succion de la tétine ou du pouce.
6 ans : Les premières molaires définitives apparaissent. Ces « dents de 6 ans » passent souvent inaperçues car elles poussent en arrière des dents de lait. Elles sont capitales pour la stabilité des autres dents qui s’organisent autour d’elles. Or, ce sont les plus atteintes par les caries du fait de leur situation, d’une minéralisation non terminée et d’un relief prononcé. Il est possible de les protéger par l’application indolore d’une résine dans le creux de la dent : le « scellement des sillons ».

9 ans : L’enfant est en « denture mixte », avec coexistence de dents temporaires et de dents définitives. Les gencives peuvent être douloureuses lors de la poussée, les dents sont mal alignées, certaines bougent : tout cela ne facilite pas une bonne hygiène et favorise une recrudescence des caries.

12 ans : Les dents permanentes finissent de se mettre en place, avec notamment les deuxièmes molaires définitives ou « dents de 12 ans ». Comme les premières molaires, elles peuvent être protégées par un scellement des sillons. La préadolescence marque souvent des changements de comportement alimentaire (grignotage et boissons sucrées), accompagnés parfois d’un relâchement en matière d’hygiène. Or, les appareils multibagues, fréquents à cet âge, sont de vrais pièges à plaque dentaire. Le brossage est donc particulièrement important.

15 ans : Toutes les dents permanentes sont maintenant là. Pour qu’elles restent intactes, il est indispensable de repérer les caries le plus tôt possible, avant qu’elles soient douloureuses. Le dentiste peut être amené à repérer des troubles du comportement alimentaire : érosion importante de la face interne des dents par des vomissements répétés en cas de boulimie par exemple. Le praticien peut aussi mettre en garde l’adolescent fumeur sur les effets néfastes du tabac sur les gencives (50 % des adolescents ont une gingivite).

18 ans : C’est l’âge où les troisièmes molaires – s’il y en a et si elles ont la place – font leur apparition sur l’arcade dentaire. Le praticien peut être amené à surveiller leur évolution, voire à procéder à leur extraction. L’enfant est maintenant devenu adulte et ce sera à lui de prendre en charge son hygiène bucco-dentaire. Une occasion de rappeler encore une fois l’importance du brossage et d’une alimentation équilibrée.

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