Alors que les accusations d’agressions sexuelles ont déjà entaché l’image du célèbre religieux, un nouveau drame familial refait surface. Le livre Abbé Pierre, la fabrique d’un saint révèle l’histoire troublante d’une tante condamnée pour meurtre – un secret qui aurait profondément marqué le jeune Henri Grouès.
1920 : Le crime qui a bouleversé une famille bourgeoise
L’affaire est digne d’un roman policier. En 1920, lorsque Henri Grouès – futur Abbé Pierre – n’a que 8 ans, sa tante paternelle commet l’impensable : elle assassine son mari. Les détails sont macabres. Le corps est découvert dans une malle ensanglantée, expédiée par train entre Paris et Nancy.
Laetitia Cherel, co-auteure de l’ouvrage et grand reporter à Radio France, explique : « C’était une femme engagée, féministe avant l’heure, qui prônait le matriarcat. Son procès a fait scandale. » Condamnée à 22 ans de prison, elle mourra derrière les barreaux en 1931.
L’enfer des conséquences familiales
Les répercussions furent immédiates et brutales. « Les domestiques ont fui la maison. Les sœurs d’Henri Grouès ont vu leurs fiançailles rompues », révèle Cherel. La riche famille lyonnaise, jusqu’alors respectée, devient la cible de quolibets et de rejet social.
Le jeune Henri n’est pas épargné. Ses camarades de classe le harcèlent violemment, lui jetant au visage le crime de sa tante. Ces années traumatisantes auraient profondément influencé sa vocation religieuse ultérieure.
Un passé qui éclaire le présent ?
Cette révélation s’ajoute aux récentes accusations d’agressions sexuelles portées contre l’Abbé Pierre. Pour les auteurs, ces deux affaires – bien que distinctes – participent d’une même déconstruction nécessaire du mythe.
« Ce n’est pas rien pour un enfant de 8 ans de vivre un tel drame », analyse Cherel. Reste à comprendre comment ces événements ont pu façonner la personnalité complexe de celui qui deviendra l’une des figures les plus vénérées – et aujourd’hui controversées – de France.
