« Je sais que ces mots font référence à une histoire qui appartient au passé. Une histoire qui est d’ailleurs si lointaine que je ne suis plus sûre que c’est bien nous qui l’avons vécue.
Une partie de cette relation est restée dans le passé et l’autre partie fait partie de moi, de ma construction et de mon évolution. Je crois qu’on peut le résumer comme ça.
Ce que je vais t’écrire va paraitre dur, presque injuste, mais je te dois d’être honnête : durant toutes les années qu’on a passées ensemble, il y a eu des moments où je me suis éloignée de toi, mentalement. Dans ma tête, je me suis séparée de toi, même si mon corps était toujours à tes côtés.
Le pire, c’est que ce n’est pas arrivé à une seule reprise, mais plusieurs fois, à divers moment de notre relation.
La première fois que je t’ai quitté dans ma tête, je devais avoir 19 ans. Tout d’un coup, j’ai décidé que tout cela n’en valait pas la peine, que tu n’étais pas l’homme de ma vie, que ce que l’on construisait n’avait pas de sens. Je ne voulais pas te briser le coeur mais je ne voulais pas non plus continuer cette histoire en me mentant à moi-même.
La peur m’a fait rester, un peu, beaucoup. Je pensais que tout aller s’arranger, que j’allais me rendre compte que le destin m’avait permis de te rencontrer pour une bonne raison. Je pensais que je devais m’accrocher.
La deuxième fois que je t’ai quitté dans ma tête, j’avais 22 ans. Le temps avait passé, on était jeunes et beaux, on avait le monde à nos pieds, mais rien n’allait vraiment bien. Je ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi, mais je suis sûr que toi aussi tu le ressentais.
Je te regardais en souriant, mais je savais très bien que dès que nos regards se quittaient, nos sourires s’effaçaient aussitôt de nos visages. Oui, du tien aussi. A cette époque, toi aussi tu m’avais quittée, mentalement. On continuait à marcher main dans la main, côte à côte, mais tout mon corps criait que cela n’avait aucun sens.
Avec toi, je ne connaissais pas encore l’amour véritable : l’Amour avec un grand A, ce n’est ni la commodité, ni la désillusion, ni la compassion.
Mes amis et ma famille ont commencé à se rendre compte de quelque chose, et à me donner des conseils que je refusais d’écouter.
Mais un jour, tout a semblé très clair. La troisième séparation mentale a été la bonne et c’est de toi que la lumière est venue. Tu as voulu qu’on se sépare pour de vrai. Et on s’est dit adieu mutuellement. On s’est dit des mots gentils, et même si on savait que cette décision était la bonne, on ne pouvait s’empêcher de se regarder avec tristesse.
Depuis tout ce temps, on était ensemble par habitude. Cette séparation avait lieu bien trop tard, et ça nous rendait presque plus triste que la séparation elle-même.
On s’était aimés, mais on avait commencé à se séparer bien avant notre « vraie » rupture. On aurait du se séparer dès les premières années.
Aujourd’hui, j’ai compris : on ne doit rester avec quelqu’un que si on l’aime vraiment. On ne doit rester avec quelqu’un que si on est avec lui entièrement, corps et âme. On ne doit rester avec quelqu’un que si on n’attend rien en retour.
J’ai compris cela et j’espère que toi aussi. »