J’ai envie d’un bébé, certes ; quand je veux, c’est plus difficile. Grâce à la contraception, on peut aujourd’hui choisir le moment pour faire un enfant. Mais comment supporter l’attente d’une grossesse qui tarde à arriver ?
« Un bébé si je veux, quand je veux. » Tel était le slogan des années 60 qui revendiquait le droit à la contraception. La pilule allait provoquer une révolution dans la vie des femmes. La génération de nos mères a été la première à choisir de ne pas avoir d’enfant si elle ne le désirait pas. Mais le » quand je veux » nous a laissé croire qu’on pourrait maîtriser notre fécondité comme notre contraception. » Une femme sous pilule, parfois depuis le début de sa vie sexuelle, oublie de relier l’acte sexuel et la fécondité, explique Alix Franceschi-Léger, psychologue et psychanalyste à l’hôpital des Diaconesses. Quand elle décide d’avoir un enfant, il lui faut réellement changer d’état d’esprit, sans pour autant tomber dans l’unique but de procréer. C’est là toute la difficulté. » Avant de s’affoler, il est impératif de renouer avec les repères naturels. » Même s’il suffit d’un seul rapport pour que ça marche, il est important de souligner que, statistiquement, on a seulement 15 à 25 % de chances de tomber enceinte pendant la période de fécondité « , rappelle le professeur François Olivennes, gynécologue à l’hôpital Antoine Béclère (Clamart). Ce qui correspond tout de même, au bout d’un an, à 85 % des couples qui attendent un enfant. À condition, toutefois, de faire l’amour régulièrement et souvent : la question de la fréquence des rapports crée souvent un malaise en consultation « , ajoute le spécialiste. Pourtant, le meilleur endroit pour procréer reste encore et toujours le lit, même à l’heure de l’assistance médicale à la procréation (AMP).
Deux jours de fécondité
» La période de fécondité d’un couple est seulement de deux jours par mois. Certaines femmes savent reconnaître leur période d’ovulation : des pertes claires, une petite douleur sur le côté. Mais la majorité ne le sait pas. » La première étape quand la grossesse tarde à arriver, c’est d’aider le couple à trouver la période féconde (il existe des kits en pharmacie) et de les inciter à avoir des rapports sexuels fréquents, » tous les deux ou trois jours en période féconde « , précise-t-il.
Quand c’est dans la tête
On estime à 10 % le nombre de stérilités inexpliquées (stérilités idiopathiques). On a alors vite fait d’incriminer un blocage psychologique. On a tous entendu parler de ces cas de couples déclarés stériles, qui finissaient par avoir un enfant spontanément au moment où ils n’y croyaient plus (9 % des femmes ayant une indication de FIV). Selon Alix Fanceschi-Léger : » C’est souvent lorsqu’on a lâché prise ou qu’on s’est inconsciemment autorisé à avoir un enfant (obtention d’un agrément pour l’adoption, par exemple) que la levée du barrage s’opère. » Et elle ajoute : » Il n’est pas exact d’opposer celles qui auraient un blocage psy et celles qui ont un problème médical, car la reproduction humaine n’est pas qu’une affaire de technique. Elle concerne toujours deux désirs et deux corps. «