Bravo ! Vous avez sans doute envie d’une sérénité retrouvée pour vos nuits. Les risques pour la santé vous ont peut-être également guidé vers cette décision. Car ces médicaments, utiles pour les insomnies installées, ne sont pas anodins s’ils sont pris plus d’un mois d’affilée.
Au-delà des risques d’accoutumance, des répercussions immédiates pour la santé existent. Les plus évidentes sont les chutes, en particulier chez les patients âgés. Car les personnes prenant des somnifères tombent plus souvent, notamment lorsqu’elles se lèvent la nuit.
La vigilance pouvant être diminuée pendant la journée, les accidents de la circulation ou du travail guettent les angoissés du sommeil. Pourtant, la motivation pour arrêter est souvent ailleurs : « La peur la plus fréquente des patients sous somnifères est la perte de mémoire », observe le Dr Serge Rafal. Pourtant, tout médicament faisant dormir n’est pas à arrêter à la légère. « Attention, prévient le Dr Hubert Bourdin, seuls les hypnotiques peuvent être abandonnés sans autre difficulté que le sevrage, car leur unique rôle est de provoquer le sommeil. »
Indispensable : choisir le bon moment
« Les médicaments anxiolytiques, antidépresseurs ou tranquillisants peuvent favoriser le sommeil tout en assurant d’autres fonctions, poursuit notre spécialiste. Leur arrêt brutal est dangereux et peut aggraver un état dépressif, voire faciliter des tentatives de suicide. Il est donc indispensable d’en parler avec son médecin. »
« Le moment le plus propice est une période où l’on se sent bien, sûr de soi, indique le Dr Sylvie Royant-Parola. Un moment où aucun passage houleux ou événement stressant n’est envisagé dans les mois à venir. » A l’inverse, si on se sent anxieux, si une situation difficile s’annonce, si on part vaincu d’avance, « il est préférable d’attendre un peu pour mettre plus de chances de son côté », prévient la psychiatre.
« Avant tout, le piège à éviter est de croire que l’on peut tout stopper d’un coup. Un arrêt brutal va entraîner une insomnie sévère pendant plusieurs semaines, ce qui va augmenter l’anxiété et accroître encore l’insomnie », avertit le Dr Royant-Parola. Aussi, l’arrêt devra être extrêmement progressif, afin de ne pas provoquer de phénomène de sevrage. Concrètement, il s’agit de diminuer de quart de comprimé en quart de comprimé, par palier.
La clé du succès : s’armer de patience
Par exemple, si habituellement vous prenez un comprimé, vous devrez prendre trois quarts de comprimé un jour sur deux pendant une à deux semaines, puis rester à trois quarts de comprimé pendant deux semaines. A la fin de cette période, vous recommencerez une baisse progressive en alternant trois quarts de comprimé et une moitié pendant deux semaines, puis vous enchaînerez de nouveau un plateau avec un demi-comprimé, et ainsi de suite.
« Cette diminution extrêmement progressive permet une désaccoutumance des récepteurs neuronaux sans heurt », souligne la spécialiste. Il ne faut donc pas s’attendre à réussir en quelques jours, mais compter sur sa liberté au bout de trois à quatre mois.